Flâneries à Tucuman, capitale du crime !

Flâneries à Tucuman, capitale du crime !

Lors d’un voyage mochilero, en auto-stop et avec le sac à dos, certaines réactions reviennent fréquemment. « Mais tu dors en tente tout seul dans la nature, tu n’as pas peur que l’on t’agresse ? », ou encore « Tu voyages en auto-stop, tu n’as pas peur que l’on te vole ? », et même une fois « Tu n’as pas peur que l’on t’enlève pour te prendre tes organes ? » (sic). J’écrirai peut-être un jour une dissertation plus approfondie sur ce sujet, mais avec le temps et l’expérience, j’ai tout simplement appris à ne plus écouter la peur des locaux. Ils n’ont bien souvent jamais tenté de telles aventures, mais relaient et amplifient une accumulation de faits divers dont les inonde la télévision.
En Argentine, je suis resté presque un mois dans les deux plus grandes villes du pays, logiquement décrites comme les plus dangereuses : Buenos Aires et Rosario. Pourtant, il ne m’y est rien arrivé grâce à deux astuces simples. Premièrement, je n’ai jamais acheté de cocaïne à des trafiquants de drogue, et ensuite, je n’ai jamais été me promener dans les favelas déguisé en militaire ou en policier !

Bon, je grossis légèrement le trait, mais je me veux néanmoins rassurant car je pense qu’en se fiant à son instinct et en écoutant ses angoisses, tout se passe généralement très bien. Cependant, il existe une exception. Une ville où les délinquants règnent en maîtres, où le danger menace le voyageur à chaque pas… La capitale du crime en Argentine, le gotham city gaucho, j’ai nommé Tucumán !
Certes, personne ne va vous découper en petits morceaux pour alimenter des crocodiles ou des carpinchos. Mais en dix jours, j’aurai quand même été attaqué deux fois ! La première, j’ai été projeté au sol par deux individus qui m’auront arraché deux cents pesos, en pleine après-midi et sur un boulevard passant. La deuxième, c’est mon téléphone qui m’a été dérobé en soirée, après m’être fait braquer à une trentaine de mètres d’un policier. La triste réalité est que les habitants de Tucuman se sont tout simplement habitués aux agressions et semblent ne plus réagir…
Les jours qui ont suivi, je ressentais une grande vulnérabilité dès que je marchais dans la rue avec mon sac à dos, dès que quelqu’un me regardait, se mettait à courir, changeait de direction ou qu’un scooter passait à proximité… Après ces attaques, la petite forteresse intérieure, l’intégrité du moi disparaît au profit d’une peur qui ne devrait normalement pas être justifiée… Pour moi, ce fut une première, un choc, alors que les agressions ne visaient que le vol de biens matériels. Je pense n’avoir fait qu’effleurer le traumatisme que doivent subir les victimes d’agressions physiques. J’ai commencé à entrevoir le calvaire que doit être leur réadaptation, pour tenter de retrouver confiance dans le monde extérieur…

Mais revenons sur mes premiers jours à Tucuman. J’étais encore jeune, naïf et innocent, et avais débuté une folle entreprise. J’étais parti flâner dans la ville, appareil photo autour du cou, pour réaliser une série de street photography. Si je me rends compte à présent que ce n’était pas le meilleur lieu pour s’adonner à ce genre d’exercice, je vous partage les résultats obtenus !

Argentine Tucuman Street Photography rues bigaradiers orangers
A Tucuman, ce sont des bigaradiers (citrus aurantium) ou orangers amers qui agrémentent les rues. Au printemps, lorsqu’ils sont en fleurs, ils embaument alors la ville de frais parfums.
Argentine Tucuman Street Photography Homme peigne
Un passant en train de se recoiffer. Le peigne, seul objet n’attirant pas les voleurs ?
Argentine Tucuman Street Photography Verdureria
Un marchand de fruits et légumes, sur le pas de la porte de sa verdurería.
Argentine Tucuman Street Photography restaurant rouge noir
Un restaurant en rouge et noir.
Argentine Tucuman Street Photography Kiosco Écoliers
Deux écoliers patientent devant un kiosco, commerce de proximité très présent dans chaque quartier.
Argentine Tucuman Street Photography famille
Une famille modeste m’invite à la photographier, sur la Plaza Independencia. Toute ville argentine a en son centre une place avec un espace vert.
Argentine Tucuman Street Photography centre ville
Au cœur de la ville, mélange de bâtiments et de couleurs, d’agrumes et de palmiers.
Argentine Tucuman Street Photography architecture
Un contraste architectural saisissant entre l’ancien et le nouveau !

4 Comments

  1. juank

    Niños franceses viajando con su camarita.. jajaja he loco, AVispate!!
    La gente no ve en las noticias, la gente lo vive, la gente tiene otra presion que tu no tienes absolutamente ninguna idea.. VIVO en francia hace 3 anios y te puedo decir que aca no hay absolutamente ninguna aventura.
    pecho frio!! mas respeto con la gente y con el pueblo de tucuman Niño VIAJERO!!

    1. Du Monde Dans L'Objectif

      Bueno pibe, tuve que borrar tu primero comentario que era totalmente vació, sino de insultos (llamar a violarme por boludo, en serio ?!). Como te puedes animar a hablar de respeto luego, sinvergüenza ?! Ese articulo lo escribí con Tucumanos, y si bien es exagerado o irónico (no tomaste « Gotham city gaucho » en serio, si ?), no hay ninguna falta de respeto a su gente.
      Si llamas « pecho frió » el hecho de ir a descubrir otras culturas y condiciones de vida al otro lado del mundo para documentarla, es tu opinión, yo creo que no todos se animarían. Lo que te puedo asegurar es que justamente conozco muy bien la vida de su gente, porque a diferencia tuya, yo estaba allá esos tres últimos anos, compartiéndola. Si entiendes el francés, dije que a veces los locales dicen « si hagas dedo te van a sacar los órganos » lo que obvio, es incierto. Y lo mantengo, ese miedo es para mi el efecto de lo que pasa en las ciudades y sobre todo de la amplificación del crimen por la televisión argentina, capaz de hacer un día completo con dos fotos que obtuvieron sobre cualquier noticia mas horrorosa… ><
      Y si nos acordemos en lo de la presión económica y social tremenda que tienen que aguantar muchos, en ningún caso eso justifica la agresión, pegar o matar a otro ser humano, que sea extranjero o local ! Hay otras maneras mucho mas valiosas de salir por adelante, ya lo sabes !
      Eres libre de pensar lo que quieres, pero que lo argumentes mejor. Si crees que poniendo insultos vas a honrar el pueblo argentino, te estas totalmente equivocando !!!

  2. Marine

    Merci pour ce témoignage sur la relation à la peur en tant que local ou en tant que voyageur. Je m’identifie bien à cette analyse, joliment décrite.

    Merci pour ce partage d’expérience d’agression, que tu accueilles il me semble avec maturité, en observant un réel choc, et en même temps le recul pour ne pas généraliser.

    Avec tendresse voyageuse

    1. Du Monde Dans L'Objectif

      Bonjour Marine,

      Merci pour ton commentaire, également très joliment écrit ! 🙂

      Je suis ravi si ce petit essai t’a plus. J’aimerais en écrire de plus longs pour partager mon expérience, faire en sorte d’inviter à la réflexion et à ne pas cristalliser sur des peurs, à voir sous quelle forme (autre catégorie du blog, livre…).

      Un abrazo grande !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *